Une légère érosion, tout au plus. Mais pas de prix bradés dans le marché de l'immobilier. Cette tendance à la baisse, amorcée fin 2011, pourrait se confirmer timidement dans les prochains mois. Les agents immobiliers ne misent pas pour autant sur un effondrement des prix. Prudents, ils prônent l'attentisme, en ces temps électoraux...
Ils avaient augmenté jusqu'à l'été 2011, avant de connaître un tassement.
Depuis quelques mois, « les prix vendus sont en légère érosion, de l'ordre de 3 à 5 % », analyse Philippe Descampiaux, agent immobilier et président de l'AMEPI Grand Lille. La tendance haussière des taux d'intérêt (lire par ailleurs), « douce et lente », ne semble pas avoir d'incidence forte sur la baisse des prix.
« Le marché est surtout plus calme, les biens restent plus longtemps à la vente, les acquéreurs sont moins nombreux, font attention à tout », insiste Emmanuel Di Girolamo, président de la chambre FNAIM du Nord. Résultat, le nombre de transactions diminue, à l'image des prix. Et « le stock de biens évolue à la hausse ». Cet état du marché n'est pas inédit : « Les échéances électorales créent toujours de l'attentisme, on devrait rester dans une dynamique plutôt molle jusqu'aux vacances d'été. » Les acquéreurs sont un peu moins nombreux, mais toujours attachés à la vieille pierre. « La palette de prix plus large dans l'ancien que dans le neuf » et la situation géographique du bien restent des arguments séduisants pour les acheteurs, qui « réussissent à faire ajuster le prix du marché », sans pour autant obtenir de rabais exceptionnels, avance Philippe Descampiaux.
Pour acheter moins cher, mieux vaut peut-être se mettre au vert. « La tendance à la baisse est plus importante dans les secteurs péri-urbains ou dans les campagnes éloignées, reconnaît Emmanuel Di Girolamo. Mais « Les gens ont envie de revenir en centre-ville » et privilégient désormais le confort de vie, la proximité avec les transports à la tranquillité. À l'intérieur des villes, les prix résistent mieux à l'érosion. L'année 2012 ne fait toutefois que commencer, et « nous n'avons pas encore assez de recul » sur l'état du marché immobilier.
Alors les acheteurs peuvent-ils espérer voir les prix fondre davantage dans les prochains mois ? Pour certains agents immobiliers, c'est une possibilité.
Pas pour Jean-François Ryssen, notaire dans l'arrondissement sud de Lille. « En 2008, le marché s'est contracté de 30-40 %, mais les prix n'ont pas baissé. On a fait moins de ventes, c'est tout. Là, le marché reste soutenu et relativement stable, au niveau des prix.
» Les professionnels de l'immobilier s'accordent en revanche sur un probable ralentissement de l'activité dans le neuf. « Les taux de commercialisation ont été excellents en 2011, reconnaît Philippe Descampiaux. Mais je pense qu'il y aura moins de ventes cette année.
» Le coup d'arrêt du dispositif Scellier, fin 2012, et la suppression des aides dans l'investissement locatif pourraient bien « tétaniser les décisions des investisseurs », dans l'attente de nouvelles dispositions en 2013.
« Il faut que cette année passe », lâche Philippe Descampiaux. L'incertitude quant aux mesures fiscales qui seront prises par la majorité amenée à gouverner dans quelques mois semble responsable de cet attentisme général. Mais Jean-François Ryssen se veut rassurant : « Il n'y a jamais de mauvais moment pour acheter. L'immobilier reste une valeur refuge. » •
MARIE DELATTRE "La Voix du Nord "du 13 mars 2012
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