Flambée des prix, manque d’habitats sociaux… le problème du logement est devenu un thème phare de la campagne présidentielle. Problème : les mesures annoncées sont insuffisantes et souvent non financées.
Pénurie de logement : des propositions incomplètes
Les experts sont unanimes : pour réduire la pénurie, il faudrait construire près de 500.000 logements chaque année, notamment dans les grandes villes.
Nicolas Sarkozy et François Hollande veulent agir sur le foncier. L’idée : modifier la fiscalité sur les plus-values pour lutter contre la rétention de terrains constructibles. Plus les propriétaires conserveront leurs terrains, plus ils seront imposés. Le président candidat, promet aussi de simplifier les règles d’urbanisme et de revendre des terrains de l’Etat aux promoteurs : de quoi faire sortir de terre 130.000 logements supplémentaires entre 2012 et 2016.
Pas suffisant selon les experts.
« Que va-t-on construire sur les terrains ainsi mis en vente ? Des pavillons, des immeubles ? Aucun candidat ne s’est engagé sur une politique publique de l’habitat fixant des priorités », déplore Jean-Claude Driant, économiste, auteur de l’ouvrage « Les crises du logement en France ».
Pour booster la construction, encore faut-il aussi soutenir la demande de logements neufs. François Bayrou et Marine Le Pen, sont les seuls candidats à affirmer clairement vouloir maintenir un dispositif d’investissement locatif là où le manque de logement est réel. Droite et gauche restent par ailleurs flou sur leurs intentions de renforcer les aides à l’achat pour les primo-accédants.
Construction de logements sociaux : le parent pauvre
Plus d’un million de ménages sont en attente d’une place HLM. Et chaque année, la liste d’attente s’allonge…
A l ‘exception de l’UMP et du Front national, les candidats veulent renforcer les obligations des communes en matière de construction. Le quota de HLM serait porté à 25% contre 20% actuellement. Pour punir les maires récalcitrants, tous envisagent d’augmenter les pénalités : le PS propose ainsi de multiplier les amendes par cinq et le MoDem de supprimer les dotations de l’Etat pour les maires hors-la-loi.
Problème : la question du financement est totalement laissée de côté. Or les collectivités et les bailleurs sociaux ont été fortement mis à contribution en raison du désengagement de l’Etat. Afin de renflouer les comptes des bailleurs, Nicolas Sarkozy veut encourager les locataires du monde HLM à racheter leurs logements. « Mais cette mesure existe déjà et n’a jamais produit d’effet », rétorque Jean-Michel Ciuch, président d’Immogroup Consulting.
Sur les 10 candidats, François Hollande est le seul à préconiser à la fois un doublement des aides à la pierre (la subvention de l’Etat) et du plafond du livret A, dont les encours servent à financer la construction sous forme de prêts. « Un plus, sauf que seuls 10% des de livret A sont remplis jusqu’à la limite légale », souligne François Geerolf, économiste du département économie de Sciences Po.
Maîtrise des loyers : le grand flou
En dix ans les loyers ont bondi de 35% et le logement est devenu le premier budget des ménages, devant les transports et l’alimentation. Partis de gauche et le MoDem proposent d’encadrer les loyers à la relocation dans les grandes villes. Dans chaque quartier, les bailleurs devront se référer à un loyer moyen à ne pas dépasser.
Beaucoup de professionnels doutent toutefois que cela soit efficace. En effet, le rapport de forces est clairement en faveur des bailleurs. Nombre de locataires seront contraints d’accepter un loyer élevé... «Seule une loi imposant de déclarer les loyers à l’administration fiscale permettra de surveiller les propriétaires et assurer un réel blocage des loyers », nous expliquait récemment Henry Buzy-Cazaux, président de l'Institut du Management des Services Immobiliers.
Opposé à tout contrôle, l’UMP propose de créer un nouveau bail. L’idée : permettre aux propriétaires de raccourcir les délais de préavis et d’accélérer les procédures d’expulsions, en échange de loyers maîtrisés… De quoi s’attirer les foudres des associations de luttes contre le mal-logement.
© Capital.fr le 22 mars 2012
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